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Onema et Cemagref, unis pour améliorer la qualité de l’eau

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Va-t-on arriver d’ici 2015 au « bon état écologique des eaux » comme le demande la directive-cadre sur l’eau de 2000 ? Si le pari semble encore hors de portée pour la France, des avancées sont tout de même à noter.

L’Onema et le Cemagref ont présenté aujourd’hui 28 octobre le bilan de trois années de coopération en faveur de l’amélioration de la qualité des eaux.

Les rapports récents convergent : les conséquences des activités humaines nuisent à la qualité des eaux françaises. Pesticides [dans le JDLE], PCB [dans le JDLE], urbanisation galopante, conflits d’usages mais aussi influence du changement climatique… mettent à mal le milieu aquatique et sa biodiversité.

Deux organismes, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement (Cemagref) se sont associés pour passer « de la recherche à l’action ». Objectif : « Agir de concert pour produire des connaissances et des technologies innovantes nécessaires à la gestion durable des eaux et soutenir les politiques publiques », indique le communiqué commun du 28 octobre.

L’intérêt d’une telle collaboration ? D’un côté le Cemagref, établissement public bien inséré dans le paysage de la science française et européenne (25 ans d’existence) est le premier opérateur national de recherche sur l’eau. Placé sous la double tutelle des ministères en charge de la recherche et de l’agriculture, il bénéficie d’équipes pluridisciplinaires qui travaillent dans 10 implantations régionales et 25 unités de recherche. Les 950 scientifiques sont donc en prise directe avec les territoires. Le Cemagref dispose en 2010 d’un budget annuel de 110 millions d’euros, dont 27 % de ressources propres.

Créé en avril 2007 par la loi sur l’eau du 30 décembre 2006, l’Onema est aussi un établissement public, mais sous tutelle du ministère de l’environnement. Il coordonne et finance la recherche appliquée sur l’eau et les milieux aquatiques. Son budget est de 144 millions €, fourni par les redevances sur les usages de l’eau collectées par les agences de l’eau. « L’Onema, c’est un peu comme une agence d’objectifs et de moyens pour la recherche, c’est pour cela que nous avons de nombreux partenariats avec les organismes de recherche », explique Patrick Lavarde, directeur général de l’Onema.

Les deux institutions unissent leurs compétences pour « une expertise de haut niveau en vue de soutenir les politiques de l’eau ». Le Cemagref représente le premier partenaire de l’Onema pour les activités de recherche et développement. La première convention entre les deux entités a été signée le 15 avril 2008. Leur programme commun s’articule autour de 5 grands axes de recherche et d’expertise pour la gestion des eaux continentales de surface. Coût complet du programme pour trois ans (2008-2010) : 22 611 k€ (11.356 issus du Cemagref, 11.255 de l’Onema). En 2011, le soutien de l’Onema à ce programme devrait s’élever à 4.397 k€.

« Ce programme a débouché sur plus de 400 produits », souligne Patrick Lavarde. Par « produits », il faut entendre guides pratiques (comment restaurer un cours d’eau), logiciels, programmes de formation… Les deux organismes ont choisi de présenter 4 programmes sur les 400 et quelques menés.

Le premier s’intitule « Des êtres vivants pour évaluer la santé des cours d’eau ». Un outil web pour évaluer l’état de santé des cours d’eau a été mis en place. Comme un thermomètre, le système d’évaluation de l’état des eaux (SEEE) utilise notamment des bio-indicateurs pour mesurer la pollution. L’indice Poisson rivière (IPR) est une référence, car le poisson intègre et cumule l’ensemble des pressions qu’il subit dans le temps.« On a comparé les données biologiques, chimiques, physico-chimiques et hydromorphologiques actuelles aux valeurs que l’on trouverait dans un milieu très faiblement perturbé par l’homme », explique Jean-Pierre Porcher, de l’Onema. Peut ainsi être mesuré l’écart entre l’état de référence (préservé) et l’état actuel (souvent pollué) observé de la masse d’eau. Cet outil a été livré le 20 octobre dernier et s’adresse aux gestionnaires et aux pouvoirs publics, pour les aider à évaluer la qualité des eaux et prendre les décisions qui s’imposent.

Le second programme vise à mettre au point des solutions « simples » pour piéger les pollutions et protéger les cours d’eau. Il s’agit des zones-tampons, bandes enherbées, bois, prairies, zones humides artificielles, etc., qui retiennent les eaux de ruissellement et piègent les molécules polluantes qu’elles contiennent [dans le JDLE]. « Il faut distinguer les zones sèches et les zones humides, qui n’agissent pas à la même vitesse », fait remarquer Jean-Joël Gril, du Cemagref.

La troisième action des deux organismes vise l’anguille, poisson migrateur proche de l’extinction. Les causes de cette disparition sont variées. « Les larves, lorsqu’elles quittent la mer des Sargasses où elles sont nées, subissent les modifications de courants, ensuite la surpêche, les turbines des barrages, et la pollution touchent les adultes », analyse Philippe Baran, du pôle Onema-Cemagref. Malgré la protection dont elle fait l’objet (plan de gestion Anguille, conforme au règlement européen), il faut encore trouver des moyens techniques pour concilier sa survie et les obstacles à l’écoulement des eaux.

Les deux organismes ont développé « des dispositifs limitant la fermeture totale de la porte des ouvrages à marée[1], qui laissent entrer un certain volume d’eau de mer », résume Philippe Baran.

Et cela semble concluant. Les expérimentations réalisées l’hiver 2010 dans l’estuaire de la Charente sur des cycles de 16 marées ont permis de comptabiliser le passage de 97.000 civelles (petites anguilles) pour 93.000 mètres cubes d’eau salée en amont de portes à marée. D’autres expérimentations se poursuivent en collaboration avec les exploitants de centrales hydroélectriques.

Enfin, le dernier travail présenté porte sur la baisse estivale de la ressource en eau, en lien avec le changement climatique. Les deux organismes ont établi un réseau de référence, pour surveiller les bas débits des cours d’eau. « L’évolution du régime des étiages peut être influencée par le changement climatique dans certaines zones parmi les plus sensibles, notamment dans le Sud », note Eric Sauquet, du Cemagref. La période d’étiage parait débuter de plus en plus tôt dans l’année, dans les régions de plaine.

Ce type d’étude permet de préciser et caractériser à l’échelle des grands bassins versants les évolutions attendues des cours d’eau en lien avec l’évolution du climat.

[1] La fonction de ces ouvrages est de se refermer lors de la marée montante afin d’empêcher l’entrée d’eau salée ou saumâtre dans les cours d’eau, marais et lacs à proximité des côtes.

Article écrit le 28 octobre 2010 par Célia Fontaine, pour le Journal de l’Environnement


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